Quelle capacité pour une citerne d’eau pluviale ?

Si l’eau de distribution est fréquemment appelée l’or bleu, ce n’est pas pour rien. Le coût de celle-ci a augmenté de 30 % environ en 5 ans

  • 22 mai 2024
  • 6 min
citerne eau de pluie constructions volume

La météo semble changeante depuis quelques années et pourtant les quantités de précipitations annuelles ne semblent pas se modifier de manière significative. Ce sont par contre les périodes d’intempéries et leurs intensités qui varient. Quelles sont les conséquences pour les systèmes de récolte et de rétention (les citernes) de nos habitations ? Est-il temps de changer nos habitudes ?

Une utilisation constante et même augmentation

Si l’eau de distribution est fréquemment appelée l’or bleu, ce n’est pas pour rien. Le coût de celle-ci a augmenté de 30 % environ en cinq ans, raison pour laquelle de nombreux propriétaires font installer des citernes de récolte de l’eau de pluie et s’en servent de manière multifonctionnelle. Dans certaines Régions du pays, l’installation de ces citernes est une obligation.

Un système de rétention sur les citernes, pour quelle utilité ?

De plus en plus de communes ou Régions imposent un système de rétention sur les citernes d’eau de pluie. Il s’agit d’un volume tampon qui se situe au-dessus du volume de stockage utile. Ce volume tampon est destiné à se remplir en cas d’intempéries importantes ; il se videra progressivement à l’égout (ou au système auquel il est raccordé), une fois que l’intempérie cessera.

Ce système est possible grâce à des diamètres d’évacuation de sections différentes en partie haute et en partie basse de ce volume tampon. Une fois que la capacité de stockage de l’eau atteint l’évacuation basse du volume tampon, le trop-plein de petite section ne suffira pas à évacuer toute l’eau entrant dans la citerne dont le volume tampon va se remplir.

Une fois qu’il sera rempli, son trop-plein, de même section que le tuyau d’arrivée évacuera l’eau qui y rentre. Une fois l’averse terminée, le volume tampon se videra doucement par l’évacuation basse de petite section. Ce dispositif permet de ne pas surcharger l’égout public pendant les épisodes pluvieux de forte intensité.

Il ne vous est d’aucune utilité, sauf si vous utilisez l’eau pluviale pendant l’intempérie ou le temps durant lequel le volume tampon va se vider.

Un régime différent selon les Régions

Les impositions en la matière varient en fonction des régions et des communes.

En Région wallonne, les impositions en termes de citerne d’eau de pluie et de volume de rétention éventuel constituent des compétences communales.

En Région Bruxelloise, le Règlement Régional d’Urbanisme impose pour les constructions neuves, l’installation d’une capacité de 33 litres par m² de surface de toiture en projection horizontale (cette règle peut être modulée si la toiture est végétalisée par exemple). Bruxelles Environnement conseille de raccorder les citernes de récupération au minimum à un robinet extérieur et à une ou plusieurs toilettes.

En Flandre, les calculs de capacité sont plus contraignants que dans les autres régions : pour les nouvelles constructions, un volume tampon de minimum 5.000 litres sera nécessaire et l’utilisation de tous les usages non hygiéniques (toilettes, machines à laver, robinet de jardin ou pour laver les voitures…) doit être raccordée sur cette citerne.

Faut-il en augmenter la capacité ?

Selon les prévisions de l’institut royal météorologique, les épisodes pluvieux vont sans doute être plus espacés à l’avenir et ces épisodes seront de plus grande intensité. Dans cette perspective, il serait préférable, si la configuration des lieux le permet, de prévoir des citernes de plus grande capacité.

À titre d’exemple, une famille de quatre personnes pourrait subvenir à ses besoins pour les utilisations non hygiéniques, avec une réserve de 10.000 litres d’eau, pendant deux mois environ.

Cette durée dépendra de l’utilisation plus ou moins rationnelle que fera cette famille.

Ne pas tomber dans le travers inverse

Plutôt que d’augmenter la quantité d’eau contenue dans la citerne, pourquoi ne pas plutôt réduire la consommation par le placement de chasse économique par exemple ? Cette question a bien sûr tout son sens, il vaut mieux moins consommer que stocker pour consommer inutilement.

Toutefois, ne perdez pas de vue qu’un système d’égouttage est dimensionné pour évacuer les eaux usées et fécales avec une certaine pente et une certaine vitesse.

Si vous réduisez trop la quantité d’eau des chasses par exemple, il existe un risque croissant de boucher vos canalisations.

Il n’est pas rare de constater qu’avec des chasses économiques pouvant descendre jusqu’à deux ou trois litres, il est nécessaire de curer les tuyaux plus fréquemment qu’avec des chasses utilisant quatre à cinq litres d’eau.

Quand y penser ?

Poser une citerne d’eau de pluie peut se faire en aérien dans la construction, ce qui va nécessiter un espace disponible important de 5 à 10 m3. Cette option est peu mise en œuvre dans le cadre de constructions d’habitations neuves vu la taille des parcelles qui se réduisent.

Cette solution est parfois utilisée en rénovation lorsqu’il n’y a pas d’autres possibilités.

Dans la plupart des cas, la préférence ira pour une citerne enterrée, ce qui nécessite des travaux importants de terrassement. Il sera dès lors nécessaire d’y penser dès le début des réflexions de conception afin de la positionner au bon endroit et de prévoir celle-ci dans la chronologie du chantier : si elle doit être placée en fond de parcelle, cela devra être fait dès le début du chantier pour permettre le passage des engins de terrassements et de livraison.

Ne sous-estimez pas la dimension d’une fouille pour une citerne de 10.000 litres ; cela correspond pour la cuve à une fouille de 10 m3, à laquelle il faudra ajouter l’espace nécessaire pour la poser. Dans ce cas, une réflexion devra avoir lieu par rapport aux constructions voisines pour ne pas les déstabiliser durant ces travaux de terrassement.

En résumé, à ce jour, une citerne d’eau de pluie d’une capacité utile, sans tenir du volume de rétention, de 10.000 litres semble un minimum pour les nouvelles constructions avec 3 à 4 occupants. Son implantation sera à prendre en compte dès le début des projets. Pour les projets de rénovation, les solutions sont à étudier au cas par cas en fonction de la typologie du bien et du terrain, ainsi que de l’utilisation que vous souhaitez faire de l’eau de pluie.

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